Les milles et un monstre.

Nouvelle écrite par Gabriel Waller


 Le fait de ne point voir génère en nous  doutes et peurs, qui peuvent devenir disproportionnés quant au réel danger qui pourrait exister. Mais toutes ces craintes sont bien nées de semeurs de trouble. Après tout, certains prédateurs se sont adaptés à la nuit pour mieux chasser, n’est-ce pas ? 


Notre histoire commence avec un petit garçon nommé Ethan, âgé de 8 ans, il vit dans une petite maison pleine de charme se situant dans un joli petit village appelé Ville-Anraive. Nous sommes le soir, l’heure du coucher est arrivé pour le jeune garçon, ce dernier éteint sagement sa lumière. Un doux baiser  délicatement déposé sur son front , avec attention et tendresse par sa maman.


- " Bonne nuit chéri, fais de beaux rêves.¨, murmurèrent les deux  parents.

- ¨ Bonne nuit maman, bonne nuit papa,  à demain. ¨dit le garçon.


La mère allait fermer la porte de sa chambre, quand il tenta de l’en dissuader :


- " Maman, s'il te plait, laisse la porte ouverte.


- ¨ Ne t'inquiète pas mon fils, je ne suis pas loin, il ne t'arrivera rien. Si tu as peur, il te suffit d’appeler, on arrivera et puis il faut que tu devienne un grand garçon maintenant¨,tenta l'homme pour convaincre son fils. 


Alors la porte se ferma contre la volonté de l’enfant,  malgré tout, Ethan n'était pas vraiment enchanté de ceci.

Il essaya, comme  ses parents et maîtresses lui avaient expliqué pour trouver le sommeil, de compter les moutons. Un mouton passa, deux moutons puis trois moutons : ¨ Que c'est barbant¨ pensa-t-il. Le garçon ne  parvenait pas à trouver le sommeil. Il y avait une raison et pas des moindres à son insomnie.


Plus tôt dans la journée, les enfants avaient discutés justement de leur terrible crainte de la nuit et de l'obscurité écrasante et terrifiante, qu'elle impose par sa présence.  ¨Elle qui se glisse dans tous les coins de ma chambre... ¨fit un des enfants.  Un autre avoua honteusement que ses parents lui avaient branché une veilleuse, un autre des autocollants phosphorescents, que d'idées ingénieuses pour faire fuir le loup et tous ses compagnons dignes des plus grands contes pour enfants. Ethan, jusqu'à ce jour ne semblait pas préoccupé par tout cela, bien au contraire, ses journées étaient bien remplies et régulièrement il s'assoupissait dans le canapé sur les jambes de sa mère. 

 Pourtant, cette discussion vint tout changer dans son esprit. La peur s'était immiscée comme un mauvais rhume, elle ne le quitta plus, jusqu’à cette nuit où les moutons s'étaient faits la malle avant qu'il ne puisse les compter. L'horloge tournait si  lentement pour lui, malgré ses yeux qui piquaient et il ne voulait pas se résoudre à s'abandonner au sommeil. Cette conversation le hantait, alors il décida de sérieusement y réfléchir. Un loup?  Bon cela vit dans la forêt et le bois le plus proche et peut-être proche à vol d'oiseau, mais un loup n'a pas d'ailes rationalisa l'enfant. Il est donc impossible qu'il vienne me manger et puis il faudrait qu'il puisse rentrer et monter dans ma chambre. Bon, le loup, on oublie se dit-il. 

Ethan se remit à réfléchir aux nombreux suspects qui pourraient s'en prendre à lui, avec la collaboration malveillante de la nuit. Voyant les zombies à la télévision négligemment restée allumée ou à l'insu des parents. Il se dit qu'eux pourraient être réellement  plus doués pour venir jusqu’à lui. Mais, il faudrait qu'il ait eu une information explicite d'un cas de contamination pour que ceci arrive. Pour le moment, rien de tel ne lui était arrivé aux oreilles, ni à l’école ni à la télévision. Donc cela les excluaient de sa tourmente. La liste n'était pas finie. Il restait un monstre plus effrayant que sa directrice d’école le lundi matin, lui qui pouvait être là à chacune de ses nuits attendant le moment propice...  Oui, c'était, le …

Le réveil sonna, gigotant dans tous les sens, son vieux réveil ne s'éteignait qu'avec l'aide d'un puissant coup de main; l'enfant était agréablement surpris de constater que tout allait bien et qu’on ne s'en était  point encore pris à lui. Heureux de cette nouvelle, il se dépêcha de s'habiller. Sa tendre mère était fort surprise de le voir sur le pied de guerre tel un apache, lui qui avait pourtant beaucoup de difficultés à se lever le matin, avait l'air frais et disponible. Cracotte à la bouche et Super Picsou magazine trempant dans son lait, Ethan semblai avoir un peu  de sommeil en moins, cependant il avait complètement oublié la peur de la nuit et ses craintes. La seule préoccupation qu'il avait a présent, c'était d'obtenir une de ses fameuses cartes à échanger pour jouer avec ses copains dans la cour d’école. Le robot Metawar avec la spécialité charge disposant d'une attaque supérieure aux autres. Sa stratégie devait être parfaite : tout miser pour que  sa maman passe devant le bureau de presse, le seul et unique endroit de la ville où les cartes étaient à vendre par paquet de 3 cartes. Les chances semblaient minces, pourtant Ethan, était persuadé d'obtenir cette carte. Il était temps de filer à l'école, le père lui s'en alla dans le même temps à son travail de commercial de carpette. Cravate étroitement mise et remise soigneusement par sa femme, un tendre baiser à ce qu'il a de plus cher après son épouse, son fils, puis il disparut dans la fumée épaisse du vieux tacot qui lui servait de voiture. Ethan enfila son manteau et saisit la main de sa mère, clac, la porte se ferma. C’est à présent que le plan machiavélique devait se mettre en place pour Ethan :  ce fameux robot sera à lui ou ne sera pas!

Marchant en direction de l'école, le garçon semblait de plus en plus agité par l'achat de ses cartes, quand soudain,  alors que rien ne semblait pouvoir changer son plan, une voiture s'arrêta à leur hauteur. Une femme sortit sa tête de la fenêtre:

- ¨ Coucou, tu veux que je l'emmène? ¨lança la femme à la mère d'Ethan

-¨Ethan tu veux y aller avec ton copain?¨ demanda la maman, car en effet, c'était la mère d'un de ses meilleurs copains de classe qui proposai de l’emmener. Le rêve de la  carte du robot à huit bras s'évapora instantanément pour aujourd'hui ; car poli, l'enfant ne se voyait pas refuser l'invitation de monter avec son copain et par la même occasion faciliter la vie à sa tendre maman.

Il grimpa à bord du vaisseau spatiale que semblai être cette grosse voiture coûteuse et  commença  à regarder un dessins animé en compagnie de son copain à l’arrière. Ce dernier d'une famille plus aisé, bénéficiait de parents au goût prononcé pour le luxe et le confort :  écran plat sur chaque dossiers des sièges de la voiture,  de quoi faire taire ses enfants. D'ailleurs le garçon prénommé Hugues, s'exclama de manière enjouée:

- ¨Ethan, regarde! Papa m'a acheté la dernière console Xplay 5. En plus je peux la connecter sur l'écran de la voiture!¨ Le jeune Ethan n'était pas jaloux, il le prenait plutôt  comme un avantage non négligeable d'avoir un copain comme lui. Pour son compte personnel,  lui préférait la richesse qu'il avait dans la tête, son imagination rendait sa vie si différente et attractive, que les jeux vidéos et autres accessoires marketing n’avaient point d’impact sur lui. Les deux enfants jouèrent  et se prirent dans leur jeu tant et si bien qu'ils  ne virent pas la route défiler. Les voilà à présent cartable sur le dos, cartes de jeu dans la main droite et goûter dans la main gauche, avec une touche de rouge à lèvres sur le front.

La grande école aux portes semblables à un pont-levis ne pouvait passer inaperçue. Les enfants filèrent d'un pas vif, la cloche avait sonné et il valait mieux pour eux qu'ils arrivent à temps... Mme Sauvage, ne l'était pas que pas son nom. En effet, tout enfant légèrement passionné ou distrait finissaient dans son bureau et il est même arrivé qu'un enfant se noie  dans ses larmes tellement il avait été terrorisé. Malgré tout, rien ne semblait éveiller la préoccupation des autres adultes, ou peut être qu'eux aussi finalement la redoutaient terriblement. Il peut nous arriver en effet d’éviter les problèmes plutôt que de les affronter, il y a parfois certaines portes de sorties faciles à prendre et d'autres à laisser bien fermer.

Ethan entra dans la classe et se mit au travail. Cour de mathématiques, la matière qui lui semblait la plus intéressante de toutes. Jongler avec les chiffres avait l'air de le stimuler au plus haut point. D’ailleurs,  il fut  mis dans une classe supérieure pour cette matière. L'année précédente avait été laborieuse, de longues journées à regarder les aiguilles de l'horloge tiquetant chaque seconde, un peu comme un message en morse qui viendrai vous dire que vous êtes en prison. Il en venait même à dormir pour que le temps passe plus vite. Heureusement pour lui le professeur de mathématique vit le talent de l'enfant. Ce grand passionné par les chiffres était désireux de faire connaître le talent de l'enfant dans un concours de mathématiques pour les grands. Il était persuadé qu'il pouvait en aligner plus d'un,  voire même de gagner le trophée.

Le temps de la récréation retentit, Ethan se dépêcha de rejoindre ses amis, dans la cours, impatient de jouer et surtout de discuter. L’enfant allait lancer un défi de cartes à un de ses copains, quand l' un d'entre eux lança:

- ¨Je l'ai vu¨,¨je l'ai vu, il était là sous mon lit, j'ai vu ses griffes¨ , disait il, en paniquant tout le monde, ¨il enleva même ses chaussures et ses pieds était marqués de dizaines de griffures¨.

Mince alors,  de quoi pouvait-'il s'agir? pensa Ethan.

Tous les enfants étaient effrayés mais à la fois fascinés, comme si la mort et les anges prenaient une apparence physique.

-¨Mais qui t'a fait cela?¨lança un des gamins, ¨c'est horrible, comment tu as fait pour fuir?¨

Le nouvel héros blessé dit fièrement : ¨je lui ai marché dessus et il m'a fait ça, c'est le monstre du lit¨

Qu'avait il dit? Le monstre du lit! Evidemment, voilà le dernier suspect, tant redouté par beaucoup d'enfants,  ça ne pouvait qu'être lui qui pouvait s'en prendre à Ethan. Il en était certain à présent. Un des enfants rétorqua que s' il avait été griffé, c'était probablement le Loup. L'enfant sourit. Sûr de lui, il expliqua qu'il n'en était rien, car comment le Loup serait il entré chez lui? La discussion prit un chemin encore plus inquiétant quand son copain aisé lui dit :

-¨ C'est sûr, c'est un fantôme! ¨ les enfants étaient très à l'écoute de sa théorie fumante, car pour  eux, les fantômes sont terribles et intouchables. Le stress se fit sentir dans ce cercle du complot. Ethan songea : ¨ Si les fantômes on ne peut pas les attraper, est-ce possible qu'il nous attrapent, nous? ¨ Effectivement , cette réflexion était très pertinente mais étrangement il n'en fit pas part à ses amis, comme si cette psychose avait quelque chose d'existante et  de stimulante.

L'enquête durera pendant toutes les périodes de récréation, certains enfants tellement capté par cet évènement, se faisaient prendre sur le fait en train de dessiner des loups et des monstres en tous genres. Ca n'était d'ailleurs pas du goût des maîtres et maîtresses, mais finalement, rien d'assez méchant pour les obliger à allez voir la terrible Madame Sauvage. Cela arrangeait bien tout le monde de pas aller la voir.

La journée s'acheva, la tête dans le brouillard avec toutes ses leçons assommantes, ainsi qu’avec cette psychose nocturne qui était de retour a cause de toutes ces conversations  entre copains.

 Après le repas et son droit quotidien de regarder un quart d'heure du film, la nuit tomba. C'était le moment de filer au lit, mais l'enfant n'était pas idiot, il prit la décision de dormir avec ses chaussures. Même si ses parents trouvèrent ce comportement loufoque, ils ne s'opposèrent pas à cela et la lumière laissa place à ses frayeurs. Le souvenir des pieds de son copain, martelant son esprit, comme un vêtement qu'on frotterait pour effacer des traces de ketchup dans un téléachat. Mais Ethan était téméraire.  Une petite voix dans sa tête lui donna le courage d'affronter ce terrible monstre, d'ailleurs, il était convaincu qu'en la laissant prendre contrôle de lui, le moment serait plus facile à affronter. 

Deux heures du matin, tous les enfants devraient dormir, mais pour Ethan c'était l'heure de l'action et de l'aventure. Le moment de vérité se tenait devant lui comme une évidence, tel un film de cinéma très mauvais, mais sans sortie de secours. Le petit garçon se mit a réfléchir à tout ce qu'il lui donnait du courage : ses copains, ses parents, ainsi que toutes les fois où il avait dû affronter ses peurs. La crainte des vagues pendant les vacances à la plage ; la peur de l'orage, de ses tonnerres assourdissants et ses éclairs flashant le ciel dans l'obscurité.

Il se susurra à lui même pour se rassurer:

-« Même pas, peur, même pas peur, » tout en tâtonnant le sol avec son pied, il gagnait en confiance petit par petit, il se poussa à se lever précipitamment, quand un bruit le figea en un instant:

-« QUIIIIIIZZZZ, tu veux jouer avec moi? » fit un de ses jouets, il avait marché sur son vieil ordinateur pour enfant. Entre temps, il avait fuit dans le tréfonds de son lit. Il mit quelques minutes avant de réaliser que cela n'avait rien de terrible ou d'anormal. Petit à petit, il reposa le pied-à-terre convaincu qu'il valait mieux s'y lancer une fois pour toute.  Le garçon imaginait cela comme une épreuve de piscine, où lorsque l'on  met dix ans à mettre un pied dans l'eau, car celle ci semble froide ou qu'on ne se sent pas capable de s'y lancer avant qu'au final un copain te pousse. Le bouton de la lumière de sa chambre semblait bien loin, faut dire que l'obscurité n'arrangeait pas l'opinion qu'il s'en faisait. Puis, il est bien connu qu'un enfant voit les choses qui l'entourent bien plus grandes qu'elles ne le sont en vérité pour un adulte. Cette situation était quand même un peu effrayante, un gros oiseau de nuit se posa sur la fenêtre de la chambre. Curieux l'oiseau cogna son bec sur la vitre¨ OUHOUHH¨ piailla l'oiseau, certainement un hibou.  Ethan commença  a perdre  son sang froid, imaginant que les forces  de la nature tentaient  d'agir à son encontre. Il se dit que la réalité et son imagination étaient tout de même très proches et se sentit désarmé par cette situation. Il était embarqué par quelque chose qui semblait le dépasser. Des bruits se faisaient entendre de plus en plus, chaque peluches et jouets prirent des formes plus inquiétantes que jamais auparavant. Son porte manteau devenu soudainement un horrible monstre avec des griffes acérées, l'attention du gamin était à la pointe et le moindre moustique n'aurait eu aucune chance s'il avait été un crapaud. Le temps s'écoula, quand une idée lui vint : ¨ Mais comment font les aveugles?¨, lui qui est si craintif dans le noir. Il se mit à comprendre que la nuit était subjective et que peut être toutes ses idées qu'il avait en tête était fondées sur des croyances de voyants ou de peureux de l’inconnu. Le garçon se motiva lui-même et se  qu’il ne devait pas avoir peur car le moment était arrivé et la vérité s’annoncerait à lui. Alors d’un pas discret mais certain, il alla allumer la lumière de sa chambre et fit le tour de ses placards et de son sous de lit...  Le cœur soulagé, il se remit dans ses draps. A présent, le garçon s’imagina conter à ses copains de classe qu’il a même pas peur de ses histoires lugubres. Quand il ouvrit les yeux, les rayons de soleil tapaient contre ses volets;  le chant des oiseaux était une mélodie si douce et apaisante! Une nouvelle journée d'aventure attendait  le petit garçon, la nuit avait été vaincue! 


Maintenant plus rien ne lui ferait peur! Quelle joie ce fut pour le petit garçon au petit déjeuner de découvrir la carte qu'il avait tant vu s'échapper, malgré ses vaines tentatives.

 Le père de l'enfant avait dévalisé le bureau de tabac pour trouver la carte tant désirée, pour lui faire la surprise, il l'avait glissé sous son bol. Avec cette carte, rien ne pourrait gâcher sa journée. D’ailleurs cette dernière lança une nouvelle aventure bien plus trépidante que jamais, mais ça c'est une autre histoire. 

 

FIN